Chroniques de grossesse, couvade et priorité dans les transports en commun
Vous avez dû le constater, la grossesse est un moment fort narcissique où l'on passe de plus en plus de temps à contempler son ventre, qui gonfle assez vite, et à essayer de suivre ce qui se passe à l'intérieur qui reste assez étrange....nouvelles habitudes qui ne favorisent pas toujours l'attention aux autres....Désolée pour ça!
D'où une tentative des pauvres hommes, pourtant responsables de ce développement bizarre dans votre corps, mais un peu oubliés dans l'histoire pendant une grossesse, pour reprendre un peu la main.
En dehors de la très frustrante tâche qui leur est assignée "je prends soin d'aider ma femme enceinte à traverser cette période"....il est possible de faire une couvade pour exister à nouveau.
Le plus souvent il s'agit juste d'une sorte de grossesse nerveuse, a minima quelques kilos pris par l'homme en question durant la même période, mais de manière un peu plus poussée parfois, cela va jusqu'au développement de tous ces symptômes "soi-disant sympathiques" de grossesse que j'ai déjà évoqué précédemment, je vous épargnerais donc leur liste....
Mon homme s'est sans doute dit que tout cela restait un peu ridicule, un peu trop sujet facile de dérision.... Il a donc pris des mesures radicales pour changer l'équilibre de cette période et que sa femme -moi en l'occurrence- ne puisse que s'occuper en priorité de lui désormais!
A ce stade on hésite en effet à parler de couvade:hospitalisation en urgence pour appendicite au stade péritonite avec nécrose, suivie une semaine plus tard d'une nouvelle opération pour occlusion intestinale, ça fait tout de suite plus sérieux!
Evidemment le résultat est efficace.
Sauf à devenir un monstre d'égoïsme (ce dont je me dis parfois ceci dit que je ne suis pas loin, j'ai des moments de lucidité, mais je crois que j'assume assez cette part d'égocentrisme...), on passe tout le temps possible en visites à la clinique pour le soutenir dans cette épreuve, et donc effectivement un peu moins à observer le développement du ballon qui vous masque depuis longtemps la vue de vos pieds, et ces drôles de mouvements à l'intérieur de soi.
Mais pour aller voir le futur papa parmi tous ces films et appareils barbares, j'ai tout de même un assez long trajet, partie à pied, partie en bus (1h30 aller-retour).
Ce qui m'amène au sujet original de ce poste, la question des priorités pour les sièges dans les transports.
Jusqu'ici je n'y avais pas trop réfléchi, laissant machinalement ma place quand je repérais personnes âgées et/ou femmes enceintes, mais comme beaucoup d'usagers je pense je n'observais pas beaucoup mon entourage dans les transports, plongée dans mes bouquins, donc je suis peut-être passée à côté de personnes en difficulté sans les voir.
Désormais, comme toujours lorsqu'on est directement concernée,je suis un peu plus attentive!!!
Même si je suis à un stade de grossesse, sixième mois, sans trop d'inconvénients physiques, j'ai bien besoin de m'assoir, position plus confortable mais permettant aussi d'éviter les coups malencontreux dans le ventre aux heures de pointe.
J'ai d'abord considéré avec émerveillement les pesonnes me proposant spontanément leur siège, des femmes en général, qui se rappellent probablement leurs propres galères, ou des étrangers.
Puis j'ai commencé à réaliser que dès que le bus ou le métro était bondé, tout le monde ignorait un peu la situation.
Qu'il allait falloir me résoudre à demander explicitement à quelqu'un de laisser son siège, ce qui n'a rien d'évident, croyez-moi.
Parce que, en dehors de la difficulté à demander en soi, si l'on repère assez facilement personnes âgées ou femmes enceintes, c'est moins facile de repérer les personnes handicapées totu autant en droit d'avoir un siège, comme le montre l'incident d'hier....
J'avais en effet le réflexe pour un trajet de plus de 5-10 min de repérer des jeunes dans les sièges proches de moi, et de leur demander s'il était possible de me céder la place.
Ce qui accessoirement est parfois compliqué, certains bus n'étant remplis que de personnes âgées, là on doit rester stoïque!!!
Et là, hier midi, léger choc, un NON à cette demande.
Rarissime: personne n'est ravi de laisser son siège, mais au pire on a droit à un peu de mauvaise humeur plus ou moins explicite, pas plus.
J'ai vite compris: le jeune homme en question, très gêné, m'expliquait que lui-même était handicapé.
J'avoue à ma grande honte avoir douté quelques secondes, mais quelqu'un d'autre s'est spontanément levé.
Le jeune a dû sentir à mon regard mon doute, ou se sentir collectivement jugé par les personnes autour, parce qu'il a tenu à me montrer sa carte de handicapé, et là j'avoue que j'aurais préféré être à 6 pieds sous terre, me sentant totalement injuste.
De la complexité des petits détails du quotidien....