Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le rando girls blog
8 mars 2010

Journée des femmes

Nolann2HR_4

Comme tous les 8 mars je suis partagée entre l'énervement qu'une seule journée soit consacrée aux femmes et permette le reste de l'année de se dédouaner de toutes les injustices encore subies, et l'intérêt pour les sujets évoqués ce jour-là dans les médias.

Même si voir qu'on a aussi peu évolué en matière d'égalité est toujours un peu déprimant.

Pour une fois cependant le sujet de la condition des femmes aujourd'hui a été présent en avance, notamment avec l'intense présence médiatique d'Elisabeth Badinter avec le sortie de son livre '"Le conflit- la femme et la mère".

J'ai d'abord écouté les interviews, hésité à acheter le livre, qui m'a été amené par ma mère.

Je peux donc en parler après lecture, ce qui est rarement le cas de ses contradicteurs en pratique, et je me suis aperçue que l'ouvrage prête bien peu finalement à polémique, qu'il est beaucoup plus mesuré que ce que l'on peut en imaginer à l'écoute des débats qu'il a provoqués.

La thèse est simple.

Enquêtes à l'appui, Badinter montre la baisse impressionnante de la fécondité dans les pays développés, même si le taux remonte un peu récemment, et l'étonnante exception française en ce sens. Elle l'explique par le poids croissant du modèle maternaliste imposé aux femmes, tant par les thèses naturalistes que les éthologues ou les nouvelles féministes, à force de valoriser l'expérience maternelle comme irremplaçable (merci au passage pour celles qui ne veulent pas d'enfant!) et d'imposer un niveau d'exigence en la matière très élevé.

En gros pour elle, à force de rappeler aux femmes qu'elles doivent comme mères tout donner leur enfant, le faire toujours passer avant elle-mêmes, l'allaiter le plus possible, s'arrêter pour s'en occuper jusqu'au moins 3 ans et s'épanouir dans ce choix de vie, se rapprocher de la nature donc exclure biberons, couches jetables, etc, on leur a mis en tête un modèle impossible de plus en plus rejeté, ou pour celles qui se lancent quand même, qui leur amène beaucoup trop de culpabilité de s'en écarter.

Elle soutient qu'il y a de multiples manières d'être femme, mère ou pas, et que chacune doit pouvoir, si elle devient mère, le faire comme elle l'entend, avec ou sans travail, mère nature ou pas, avec beaucoup de temps accordé ou pas, etc....

Evidemment je résume outrageusement, mais elle considère que les françaises sont restées avec plus d'enfants justement parce que le modèle maternaliste est moins fort culturellement chez nous, qu'on nous accorde plus le droit d'être d'abord une femme avant une mère, que du biberon aux crèches le retour au travail est facilité, même s'il reste encore beaucoup à faire pour une vraie égalité, notamment en raison de l'absence de réel partage des tâches avec les pères.

Mais elle pense que, même en France, la pression sociétale tend tout de même de plus en plus vers le modèle maternaliste qu'elle dénonce , et que notre génération de trentenaires est en train de se faire imposer un idéal de mère inatteignable: soit on est au foyer et déconsidérée dans le monde du travail, soit on continue à travailler et on est stigmatisée pour un allaitement pas assez long, pas assez de temps avec le bébé, et avec la majorité de la charge de la maison et du bébé au retour de la journée de travail.

Globalement je suis d'accord, même si ici ou là je trouve la démonstration un peu simplifiée et pas exempte de raccourcis clichés ,et pourtant, même si je me définis comme féministe, je correspond à la femme mère qui se plait pas mal dans l'élevage des enfants: congé parental, allaitement long, certes pas les couches lavables et autant de petits pots maison qu'achetés, mais quand même....

Tellement bloquée toute la journée que j'ai beaucoup de mal à trouver le temps d'écrire ce post, et que je le fais un peu à la va vite!

J'estime avoir fait mon choix librement, mais je suis d'accord avec elle pour dire qu'on se réfère toujours à un modèle implicite maternaliste, que ce soit pour le refuser, le suivre ou comme moi le négocier...en râlant toujours sur le partage inéquitable des tâches ménagères, en prenant du temps pour moi, en introduisant le biberon parce que c'est plus pratique pour laisser le petit, etc...

Et peut-être aussi en laissant les petits gars jouer autant à la poupée et dinette qu'aux voitures, mettre des colliers ou passer le balai?

Nolann2HR

En tout cas Badinter permet de déculpabiliser quelque soit son choix et le réinterroger régulièrement, et c'est déjà beaucoup....

Publicité
Commentaires
N
D'abord, je voulais dire que Nolann porte très bien le collier...<br /> Ensuite dire que ce débat me fait du bien car je suis plutot dans une ambiance hyper maternaliste où l'on me fait bien sentir qu'avoir allaité 3 mois son enfant, ce n'est vraiment pas assez et que si je laisse mon enfant en garde, je vais forcément tomber sur un bourreau d'enfants...Mais bon maintenant, j'évite ce genre de sujet...<br /> Pour revenir au débat, je pense que garder son enfant n'est pas valorisé dans le milieu professionnel. Vous me direz, qu'est-ce que ca apporte, dans le monde professionnel, d'avoir gardé son enfant? Rien, à priori. C'est pourquoi, en prenant un congé parental, on a l'impression de prendre du "retard" sur les autres, retard qu'il faut rattraper comme on peut...<br /> Si ce congé était vu autrement au niveau professionnel: épanouissement personnel qui permet de revenir au travail avec un nouvel équilibre, avoir plus le sens des responsabilités, etre plus aux prises avec la réalité, et non pas vu comme un ramolissement du cerveau couches/biberon.<br /> je pense que si ce congé était vu comme cela, les personnes n'auraient plus ce besoin de combler ce retard, elles se sentiraient reconnues. <br /> De facon réciproque, les personnes ayant fait le choix, ou ne pouvant pas avoir d'enfants et les personnes ayant mis leux enfants en crèche doivent aussi etre reconnus par ceux/celles ayant pris un congé parental<br /> Il y aurait moins cette concurrence sournoise...chacun apporte quelquechose de différent professionnellement.<br /> Je sais, comme ça, le monde serait parfait!!!Mais bon, on peut essayer!!!
K
Ouh là, c'est toi qui réagis de manière épidermique, ici, moi je me contentais de sourire. Si tu l'utilises dans ce sens-là en te réclamant de Badinter, mets des guillemets et un (sic) pour éviter les malentendus. Je n'ai pas entendu l'auditeur hier, mais je partage sa surprise, à défaut de sa colère, et te renvoie à la définition du Robert concernant l'élevage : "ensemble des techniques par lesquelles on élève (des animaux domestiques ou utiles) en les faisant naître et se développer dans de bonnes conditions, en contrôlant leur entretien et leur reproduction, de manière à obtenir un résultat économique". J'imagine que ce n'est pas tout à fait ton projet avec tes deux enfants. En ce qui me concerne, ce qui me fait réagir de façon épidermique, ce sont les gens qui utilisent les termes mal à propos, parce que c'est le sens qu'eux donnent au mot, et toi tu n'as qu'à comprendre et à t'adapter, parce que hein, bon, tout est relatif et que le sentiment personnel, celui de l'Individu-roi, doit primer sur le reste. Eh bien non, je considère que les mots ont un sens et un sens bien précis, défini non par l'individu, mais par la collectivité, qui nous permet de nous entendre, et qui me donne l'autorisation de porter un jugement, de commenter et d'interpréter l'usage du terme s'il est employé mal à propos. Maintenant, que Badinter, en tant qu'écrivain renommé, ait droit à user un peu plus souplement que les autres de la langue, soit, mais ce n'est pas le cas de tout un chacun. Donc je soutiens (ou je "plussoie" comme on dit maintenant sur les blogs) la révolte de l'auditeur concernant l'emploi du terme "élevage" à propos de l'éducation des enfants.
Z
j'ai utilisé le mot "élevage" exprès, c'est celui de Badinter qui l'utilisais je pense pas mal par provocation, et je considère qu'élever 1 enfant c'est en implicite l'éduquer...ça ne me choque pas donc.<br /> sur France Inter j'avais entendu un auditeur réagor de manière épidermique à ce terme et trouvé cela ridicule...
K
Je n'ai pas l'impression que mon point de vue et celui de Zélia s'opposent, disons plutôt qu'ils se focalisent sur des éléments différents, liés à nos biographies... Juste un truc que je n'avais pas vu en lisant ton post, Zélia : "l'élevage des enfants", c'est assez mignon : tu pratiques l'élevage intensif ou bio ? Tu comptes constituer un gros cheptel ? Je crois que, dans leur cas, on parle plutôt d'"éducation", même si, effectivement, parfois, on préférerait juste les "élever" plutôt que de s'ennuyer à essayer de les éduquer...
S
Je découvre avec horreur que ça doit faire super longtemps que je ne suis pas venue lire le blog. Je m'étais contentée du débat très instructif que Véro avait lancé par mail en off. Quand je pense que j'en avais loupé les plus beaux morceaux... Bravo pour le point de vue original de Kalliope ; je me rapproche plus de celui de Zélia vu que j'ai adopté le même pragmatisme et que je vais peut-être bien m'arrêter de travailler un moment. J'ai juste la chance d'avoir un homme qui m'aide bcp à la maison (ou plutôt, c'est moi qui l'aide...). <br /> Ce qui est marrant, c'est que le débat est tombé pile au moment où je commençais à me dire que j'allais sevrer Cléa. Je ne sais pas si j'ai été influencée d'un coté ou de l'autre, mais ça y est, plus de tétées...
Le rando girls blog
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Publicité