Chutes en série.
J'ai un fort potentiel comique...
Certes, me direz-vous, cela n'apparaît guère à la lecture de mes posts. Mais je ne parle pas de ce genre de comique là, fin, spirituel, incisif, non... Rappelez-vous, la fin de l'année de 5ème, le soleil qui brille dehors, la somnolence post-prandiale et la prof. de français qui vous annonçait une séquence sur la comédie pour finir l'année agréablement : des monceaux d'extraits de Molière dans lequel il vous fallait chercher et répertorier "les différentes formes de comique" alors que pas la moindre ligne de cette fichue pièce ne réussissait à vous arracher même l'ombre d'un sourire... Ca baille dans le fond !!! Ah, le sentiment de solitude du prof. obligé de convaincre du potentiel comique d'un texte sur lequel lui-même est plus que réservé (personnellement, le drame bourgeois du XVIIIe me fait beaucoup plus rire que Molière, malheureusement j'ai découvert que ce n'était pas le but de l'entreprise...)
Mais je m'égare, revenons donc au sujet initial : rappelez-vous la moue gourmande du prof. sur le "comique de mots" et son sourire méprisant sur le "comique de gestes", ce comique grossier de farce. Eh bien, c'est là que j'excelle : j'ai passé ces dernières semaines à enchaîner chutes (sur le ventre, sur les fesses, dans la rue, dans la neige, le soir, le matin, l'après-midi) et coups divers, éblouissements, ébleuissements (attention, je suis plongée dans Doubrovsky en ce moment : vive les jeux de mots freudiens !!). J'ai beau me gourmander, me rappeler à l'ordre, échanger mes talons très très hauts pour des ballerines ultra-plates, rien à faire : j'achoppe, je trébuche, je me vautre, et dans les grandes largeurs. Quand mes copines tombent amoureuses, moi je multiplie les chutes douloureuses. Sourcils froncés, je me relève en essayant de conserver, à défaut de mon équilibre, ma dignité, et je marche tête haute avec taches de boue sur mon manteau noir.
Pour varier les plaisirs, je me suis illustrée aujourd'hui dans un autre genre. Il y a quelques semaines, dans un accès de rage, j'ai jeté mon maillot de bain de piscine qui ne ressemblait plus à rien pour me forcer à en acheter un nouveau. Peine perdue ! Un mois après, je n'ai toujours pas trouvé le temps d'aller faire cette course. Comme je ne peux pas me passer de mon défoulement hebdomadaire, je suis contrainte de faire mon kilomètre et demi dominical en deux pièces dépareillé, bas à fleurs et haut à rayures, tenue étrange qui m'attire les regards mi-amusés, mi-curieux de ceux qui se demandent si je suis échappée de l'asile ou d'un bureau de style. Après avoir été la terreur des bassins (parce que je garde les yeux fixés sur le fond de la piscine sans faire attention aux claques que je distribue alentour), j'en suis désormais le clown. Surtout si vous ajoutez au tableau l'affreux bonnet de bain imposé dans les piscines parisiennes et mes lunettes, chaque élément de la panoplie d'une couleur encore différente de la précédente. Seule concession à la mode : j'ai assorti l'horrible bonnet aux affreuses chaussures en plastique qui m'évitent le marais des vestiaires (le spectre des couleurs de l'arc-en-ciel est quand même limité !). Conclusion : j'ai renoncé à participer à un colloque sur l'hybridité chez mon-poète-latin-préféré et me voici à en lancer un autre sur l'hybridité du costume de bains : sommet de la branchitude ou fashion-faux pas ?
Ce qui me ramène au début de ce post et à mes errances vacillantes : Eve ratée, je n'entraîne heureusement que moi-même dans mes chutes et me console en regardant, plutôt que des comédies de Molière, mes séries préférées et leurs héroïnes qui s'étalent joyeusement. Dans la saison 3 de Desperate Housewives (attention, je ne donnerai pas trop d'infos ici pour les malheureux qui en sont restés à la saison 2, voire à la saison 1 !!), Suzanne se fait reconnaître de quelqu'un-qui-l'a-oubliée (ça frémit dans le public) précisément par ses chutes et ses déséquilibres variés. Par bonheur, je ne me suis encore jamais retrouvée, comme elle, enfermée dehors toute nue dans la haie (enfermée dedans, ça oui, à plusieurs reprises...).
En guise de conclusion à ce post (nul besoin de chute, il y en a déjà eu suffisamment) et en bon professeur, je vous donnerai à méditer le monologue de Carrie, l'héroïne de S. and the City, après une chute mémorable en culotte pailletée sur un podium de défilé :
I had a choice. I could leave the runway and let my inner model die of shame... Or I could pick myself up, flaws and all, and finish...
and that's just what I did, because when real people fall down in life, they get right back up and keep on walking.
Bises,
K*.